Le Centre pastoral de Saint-Merry, figure originale de l’Église à Paris
Cette expérience de près de cinquante ans, lancée par le cardinal Marty, a été caractérisée par une grande ouverture au monde contemporain, à sa culture, en particulier artistique, aux divers courants de pensée et de styles de vie. Saint-Merry se distinguait aussi en exerçant une très large hospitalité. Toute personne y était accueillie, migrants, SDF, divorcés remariés, homosexuels vivant ou non en couple, qui pouvaient ne pas se sentir à l’aise dans les paroisses territoriales.
Autre originalité du Centre pastoral Saint-Merry : la coresponsabilité au sein de l’équipe pastorale entre prêtre référent et laïcs. On pouvait y voir une expression concrète de la commune responsabilité des fidèles que le dernier Concile a remis à l’honneur sans en préciser les modalités concrètes. Cela s’est traduit par un style de célébration eucharistique qui mettait en valeur la « table de la Parole », et qui donnait à l’ensemble des participants un rôle actif, tout en respectant celui du prêtre. Cette démarche de Saint-Merry, « aux frontières » ou « aux périphéries », n’entendait pas se situer en marge ni en dehors de l’Église.
Des difficultés de relations entre les deux derniers curés et l’équipe pastorale ont conduit, semble-t-il, le diocèse de Paris à y mettre fin.
Est-ce à dire qu’elle ne mérite pas d’être poursuivie ?
S’il est nécessaire d’en faire le bilan, d’examiner ce qui doit être retenu et ce qui doit être abandonné comme ne correspondant plus aux préoccupations actuelles, il nous semblerait très dommage de récuser l’intuition initiale d’ouverture et d’hospitalité, qui correspond à ce que souhaite le pape François quand il parle « d’Église en sortie », voire « d’hôpital de campagne ».
Une telle pastorale ne saurait être poursuivie en dehors de l’Église diocésaine. Quel que soit le lieu où elle se poursuivra et quelle que soit la forme qu’elle prendra, son lien avec l’archevêque de Paris doit montrer qu’il s’agit bien d’une démarche d’Église et non de l’initiative privée d’un groupe de fidèles.
Nous sommes conscients du fait qu’il est difficile de faire vivre l’Église dans le respect des diversités. Mais il nous semble important de manifester que l’Église est catholique, c’est-à-dire une et diverse, qu’elle est un « polyèdre », comme le répète le pape François. Cela ne peut se faire que dans la confiance mutuelle, construite par la concertation au sein de l’Église. Le conseil presbytéral et le conseil pastoral nous semblent être les lieux appropriés pour qu’au-delà du cercle habituel, l’Évangile redevienne « contagieux » auprès de celles et ceux que nous n’atteignons plus et surtout que nous n’atteignons pas.
Confrontations (Association d’intellectuels chrétiens) et Conférence des baptisé.e.