La Mer, source permanente d’Énergie
Mercredi 9 décembre 2015,
En partenariat avec Pax Christi, à l’occasion de la COP 21
Comment la coopération internationale
accélère le développement durable
des industries de la mer ?
« ..Il devient urgent et impérieux de développer des politiques pour que, les prochaines années, l’émission du dioxyde de carbone et d’autres gaz hautement polluants soit réduite de façon drastique, par exemple en remplaçant l’utilisation de combustibles fossiles et en accroissant des sources d’énergie renouvelable. Dans le monde, il y a un niveau d’accès réduit à des énergies propres et renouvelables. Il est encore nécessaire de développer des technologies adéquates d’accumulation. Cependant, dans certains pays, des progrès qui commencent à être significatifs ont été réalisés, bien qu’ils soient loin d’atteindre un niveau suffisant ». C’est en ces termes que le Pape François s’exprime dans « Laudato Si‘» pour le développement des énergies renouvelables.
Par ailleurs dans un article récent des Etudes, Cyrille P. Coutansais relève le potentiel que représentent aujourd’hui les mers pour apporter des solutions énergétiques durables et renouvelables.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Quelques réflexions autour de l’encyclique Laudato si’
par François Euvé, jésuite, rédacteur en chef d’Etudes
Il est indéniable que la publication en juin dernier de l’encyclique du pape François, Laudato si’, a marqué une étape dans l’histoire de la relation de la société aux documents magistériels de l’Église. Rerum novarum en 1891, Pacem in terris en 1963, avaient été en leur temps de telles étapes. La réception quasi-unanime (par contraste avec Humanae vitae…) signifie que le cœur de la société a été touché. Cela ne signifie pas nécessairement un changement substantiel rapide. Mais un pas nouveau a été franchi, comme on a pu le constater lors de plusieurs manifestations publiques.
On dira que le contenu n’est pas entièrement neuf. Des textes de papes précédents sont en effet cités, comme il est de coutume. Dans le champ écologique, on trouve les premiers textes chez Paul VI, au moment même où les esprits les plus lucides perçoivent la survenue de la crise. Il n’empêche que, là comme ailleurs, c’est le style qui paraît nouveau.
L’autorité du texte, confirmée par sa réception, lui vient précisément du fait qu’il ne se présente pas comme une parole « dogmatique », en surplomb, qui trancherait les débats, sans laisser place à la discussion. Il est frappant de voir à quel point la notion de dialogue y est présente (rappelons-nous l’importance théologique de cette notion dans l’encyclique Ecclesiam suam de Paul VI, écrite peu après son élection, puis dans les documents conciliaires). Le propos du pape se veut modeste, en particulier lorsqu’il fait référence à l’état actuel des connaissances. Il a trop conscience du caractère provisoire de celles-ci pour en faire des « vérités » définitives, mais aussi suffisamment confiance dans le sérieux du travail des scientifiques pour pouvoir les reprendre à son propre compte (quitte à s’attirer les critiques de quelques climatosceptiques qui auraient préféré une autre position…).
Le texte n’hésite pas à s’engager sur des questions très concrètes, comme l’eau, les récifs coralliens, etc. On a affaire à une théologie vraiment incarnée. Le développement du propos procède d’un diagnostic de la situation présente, suivant la structure globale du « voir, juger, agir » qui correspond au plan en six chapitres que l’on peut répartir en trois ensemble de deux, selon ces trois temps. Le « voir » comprend deux moments : un examen de l’état de la « maison commune » et une lecture de l’Écriture et de la tradition théologique, deux regards qui donnent une vision en relief de la situation.
À travers un tel document, on comprend que les propositions encouragent la mise en débat : « Sur beaucoup de questions concrètes, en principe, l’Église n’a pas de raison de proposer une parole définitive et elle comprend qu’elle doit écouter puis promouvoir le débat honnête entre scientifiques, en respectant la diversité d’opinions. » (61). C’est dû à la complexité de la situation : « Si nous prenons en compte la complexité de la crise écologique et ses multiples causes, nous devrons reconnaître que les solutions ne peuvent pas venir d’une manière unique d’interpréter et de transformer la réalité. » (63). Ceci résonne avec l’ouverture au dialogue : « L’Église n’a pas la prétention de juger des questions scientifiques ni de se substituer à la politique, mais j’invite à un débat honnête et transparent, pour que les besoins particuliers ou les idéologies n’affectent pas le bien commun. » (188). Elle a d’autant moins de leçon à donner qu’elle a pu dans le passé cautionner des situations problématiques.
Cet engagement au débat ne signifie pas une position en retrait qui refuserait de s’engager. C’est même le contraire ! Le pape déplore le faible engagement des instances internationales dans ce domaine et il les interpelle vigoureusement. Il dénonce la faiblesse des instances de décision : « La faiblesse de la réaction politique internationale est frappante. La soumission de la politique à la technologie et aux finances se révèle dans l’échec des Sommets mondiaux sur l’environnement. Il y a trop d’intérêts particuliers, et très facilement l’intérêt économique arrive à prévaloir sur le bien commun et à manipuler l’information pour ne pas voir affectés ses projets. » (54). Et plus loin : « les Sommets mondiaux de ces dernières années sur l’environnement n’ont pas répondu aux attentes parce que, par manque de décision politique, ils ne sont pas parvenus à des accords généraux, vraiment significatifs et efficaces, sur l’environnement. » (166)
Quant au contenu, un point fréquemment relevé est la connexion intime de toutes les composantes, ce qui correspond à la notion d’écologie « intégrale ». « Tout est lié », ne cesse de répéter le pape tout au long du texte. Cette liaison est en particulier celle qui rassemble les considérations écologiques et les considérations sociales et économiques. On connaît bien sa critique du système financier libéral lorsque les intérêts particuliers l’emportent sur le bien commun : « Il y a trop d’intérêts particuliers, et très facilement l’intérêt économique arrive à prévaloir sur le bien commun » (54).
La notion de « bien commun » est bien sûr centrale, comme elle l’est dans les documents qui composent le « discours social de l’Église ». Ce bien commun ne se borne pas à celui de l’humanité présente, mais il inclut les autres créatures ainsi que les générations futures. Cette notion morale peut être associée à la notion théologique de « communion des saints ».
La lecture de la Bible et de la tradition chrétienne, proposée au deuxième chapitre, se fait sur le fond du diagnostic dressé dans le premier. Deux points peuvent être mis en valeur.
Le pape insiste d’abord, en conformité avec la tradition chrétienne, sur la dignité de la personne humaine (65). Mais cette dignité s’inscrit dans une anthropologie relationnelle. La personne humaine n’est pas un individu isolé mais un être engagé dans une triple relation, avec Dieu, le prochain et la terre. C’est ainsi que la relation avec l’un de ces axes affecte les autres, négativement, mais aussi positivement (70-71).
Un deuxième élément, plus original, est la reconnaissance de la valeur propre des autres créatures (69). Cette valeur ne vient pas seulement de leur utilité pour l’homme (une utilité qui peut être aussi bien économique qu’esthétique : parler d’utilité rapporte la valeur à l’homme). La grande variété des créatures, qui s’exprime en particulier dans la biodiversité, reflète « l’inépuisable richesse de Dieu » (86). Voilà un argument théologique en faveur de la biodiversité ! Chacune de ces créatures possède des « potentialités » qui la font participer à l’achèvement de la création. La nature doit être source d’émerveillement et de contemplation pour l’homme. On relèvera qu’elle est placée plutôt sous le signe de l’harmonie : le mal physique relève des « douleurs de l’enfantement » (80, citant saint Paul) et la violence qui règne dans le monde provient du péché de l’homme.
Cela nous place dans une conception dynamique de la création. L’acte créateur de Dieu ne se borne pas aux premiers instants de l’univers (d’où découle le danger de confondre la création et le « Big bang » qui décrit en effet ces premiers instants). L’état actuel du monde n’est pas achevé ; il est encore « en route vers sa perfection ultime » (80, note 49, qui renvoie au Catéchisme de l’Église catholique). La mission confiée à l’homme ne se borne pas à une simple conservation d’un patrimoine. Cela donne toute sa place au travail humain dont la visée est bien de transformer le monde pour le rendre plus conforme au dessein divin (cf. 124).
On voit par là que nous avons aussi implicitement une conception collective de la création. Si Dieu en est l’origine unique, son acte se prolonge par la participation de toutes les créatures, chacune à sa façon. De par sa liberté, l’homme a une responsabilité propre, celle du « jardinier » pour reprendre l’image de la Genèse, mais pas comme unique acteur. Il doit tenir compte de la manière d’être des autres créatures.
Le texte se termine sur une note d’espérance, d’ailleurs présente à plusieurs moments : « Le monde est plus qu’un problème à résoudre, il est un mystère joyeux que nous contemplons dans la joie et dans la louange. » (12) « Le Créateur ne nous abandonne pas, jamais il ne fait marche arrière dans son projet d’amour, il ne se repent pas de nous avoir créés » (13). Dans ces débats complexes, souvent techniques, dont l’issue n’est pas claire, où il arrive que des propos catastrophistes se rencontrent, l’espérance est sans doute l’apport de l’Église.
« Que nos luttes et notre préoccupation pour cette planète ne nous enlèvent pas la joie de l’espérance » (244).
Pour aller plus loin :
Pape François, Encyclique Laudato s’. Edition commentée (F. Louzeau et B. Roger, éds), Parole et Silence, Paris, 2015.
Pape François, Laudato si’, Edition présentée et commentée par l’équipe du CERAS, Lessius, Bruxelles, 2015.
La conversion écologique, Hors-série de la revue Études, introduit par François Euvé et Nathalie Sarthou-Lajus, Paris, 2015.
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La Mer, source permanente d´énergie
Le Chili, pays où la Mer est présente sur plus de 84 000 km de côtes
Par Luc Martin, diacre de l’Eglise de Paris, Directeur du centre de recherche en Energies Marines Renouvelables (EMR) du groupe DCNS au Chili, actuellement en poste à Santiago.
MERIC (Marine Energy Research and Innovation Center) est un nouveau centre de recherche créé en 2015 en partenariat public/privé pour développer la connaissance des ressources marines dans l´océan pacifique et stimuler l’innovation technologique dans le domaine des EMR.
La Bible les évangiles et le Pape François :
Ben Sirac 44 : 1-21 dans son éloge des Pères,: « Aussi Dieu lui (Abraham) a-t-il assuré par serment que les nations seraient bénies en sa descendance, qu’il le multiplierait autant que la poussière sur la terre, qu’il exalterait ses descendants comme les étoiles ; il leur donnerait un héritage allant de la mer à la mer, et du Fleuve jusqu’à l’extrémité de la terre. »
Genèse 1: 9 -10 : « Dieu dit: Que les eaux qui sont au-dessous du ciel se rassemblent en un seul lieu, et que le sec paraisse. Et cela fut ainsi. Dieu appela le sec terre, et il appela l’amas des eaux mers. Dieu vit que cela était bon… »
Actes de Apôtres 4 : 24 : « Maître c´est toi qui a créé le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s´y trouve »
Mt 13,47 : Dans la parabole du filet semblable au royaume des cieux, la mer est le lieu où le filet est jeté et ramène les justes pour le jugement dernier
Mc 11,23 : Là où le croyant, pour affirmer sa foi, dira à une montage de se jeter…
Apocalypse 10,2 : Le lieu où l´ange de l´apocalypse qui tient un livre pose son pied droit alors que le gauche est sur terre,
La Mer, lieu d´où remonte la Bête.
Saint Clément commentera dans sa lettre de Rome aux Corinthiens : « Par son commandement, … (le Créateur) a préparé la mer et les êtres qui y vivent, puis leur a donné des limites par sa puissance ».
Jérémie 5: 22 : « … C’est moi qui ai donné à la mer le sable pour limite, Limite éternelle qu’elle ne doit pas franchir; Ses flots s’agitent, mais ils sont impuissants; Ils mugissent, mais ils ne la franchissent pas. »
La mer est un bien commun d´enjeu mondial.
Introduction:
La mer fait partie intégrante de notre vie, de notre imaginaire. Présentée comme pleine de mystère, elle peut tout à la fois engloutir des montagnes, laisser surgir des iles et des volcans, et encore nous ressourcer. Matrice du cycle de l´eau et celle-ci essentielle à la vie, la Mer recueille les eaux douces issues de la terre et nous rend une eau purifiée. 90% du surplus de chaleur engendré par nos activités humaines y sont absorbées.
La mer, création divine, n´appartient pas à l´homme. Son immensité, sa nature même la sauvent d´un partage similaire à ce que l´homme fait avec la terre. Les eaux et la faune y sont mobiles et libres.
Le Pape François nous rappelle à notre responsabilité pour que chacun puisse disposer de la création d’égale manière. Son encyclique fait écho à la spiritualité de Saint-François d’Assise qui avait une attention toute particulière pour les pauvres et pour la nature qui l’entourait. Il nous interpelle: «L´humanité est appelée à prendre conscience de la nécessité de réaliser des changements de style de vie, de production et de consommation, pour combattre le réchauffement».
La fascination ou la crainte que suscite la Mer en nous ne rappelle-t-elle pas à la Genèse ?
Comment profiter des richesses de la mer avec sagesse et discernement ; jouir de la Mer en bon gestionnaire de la Création? Comment conduire nos actions sur, dans, sous et avec la Mer, et en particulier comment nous, chrétiens, inspirés par la Bible répondons nous à l´appel du Pape François ?
Nous savons créer de l´énergie et de l´eau douce à partir de l´énergie des vagues, des courants ou même des gradients de température en mers tropicales. Avec les Energies Marines Renouvelables nous pouvons lutter contre le réchauffement climatique et développer de nouveaux modèles sociaux économiques qui réduisent les inégalités.
- Relation à établir avec la Mer
Pouvons-nous partir à la conquête de la Mer comme nous l´avons fait sur terre ? Quelles leçons tirer des conquêtes terriennes, de notre histoire maritime ?
La Mer ne nous appelle-t-elle pas à prendre sur notre liberté pour agir en respectant la création, en nous réjouissant d´y prendre part et d´en faire partie ?
Face à la mer, ne serions-nous pas aujourd´hui comme un Christophe Colomb, prêt à embarquer pour tracer une nouvelle route, sans soupçonner les Amériques ? Mais ici la route n´est pas de relier deux terres, c´est une route de découverte vers l´inconnu.
Que connaissons-nous de la mer ? Peu ! Peu de sa variété, peu des habitudes de sa faune, peu de la composition de sa flore ; peu du détail des reliefs et des fonds marins ; peu des dynamiques de courants, de houles, peu de la qualité des eaux .
Des formes de vie in imaginées s´y trouvent, comme celles se développant en chimiosynthèse sans oxygène, sans lumière. Largement inexploré, le milieu marin recèle une richesse de biodiversité́ tout à fait exceptionnelle, une densité́ inconnue. Les scientifiques estiment qu’il reste entre 8 et 30 millions d’espèces à découvrir. Bien que 18 000 nouvelles espèces soient décrites chaque année, à ce rythme il faudrait 300 et 1 000 ans pour achever l’inventaire.
Comme les ressources minérales, sulfures, encroutements, nodules polymétalliques, ou les ressources biologiques générées par les processus hydrothermaux sous-marins, les énergies marines renouvelables ouvrent d’immenses perspectives.
La Mer est un milieu difficile et vaste où les forces en jeu frappent l´imaginaire : marées du siècle, tempêtes, tsunamis, courants dérivants, pressions hydrostatiques imposantes. Son immensité a certainement contribué à ce qu´elle soit restée « Bien Commun ».
La tentative de découverte des fonds sous-marins est récente, la première daterait de la fin du IVème siècle av. J.-C. avec Alexandre le Grand qui se fit descendre sous l’eau dans une cloche de plongée utilisée pour le renflouement et les travaux portuaires. En 1805 un Français nommé Touboulic marque un tournant en plongeant au moyen d´un appareil autonome muni d´une réserve d’air. Il permet la conquête des fonds sous-marins.
- Le Chili, pays des extrêmes
Au Chili, nous sommes à la fin de l´un des « quatre coins de la terre », au bout du monde. L´océan pacifique est un espace immense difficilement franchissable, le plus vaste océan du globe. Pour rejoindre Beijing depuis le Chili, il est plus simple de passer par Paris en avion que de traverser.
Les chiffres au Chili poussent au développement des énergies renouvelables, les énergies Marines Renouvelables. Le Chili, sans ressource énergétique fossiles, sans ressources suffisantes en eau douce, est le pays au monde qui connaît les niveaux d´ensoleillement les plus élevés, les courants marins et les houles les plus réguliers et les plus importants. Un pays long de près de 5000 km et 84 000 km de longueur de côtes, aux déserts les plus arides au nord, aux froids les plus intenses au sud.
Autre extrême, Les tremblements de terre et tsunamis, les plus puissants du monde. Le plus terrible recensé d´histoire d´homme a été celui de 1960, d´une magnitude jamais connue où une vague de 30 mètre a submergé une région entière du sud du Chili, la reconfigurant totalement.
Dernier extrême, celui des richesses accumulées. Le Chili est le pays où l´écart des richesses est le plus important de l´OCDE. Mais partout dans le monde ces écarts s’accroissent l’intérieur même des pays comme entre pays.
Ces éléments font du Chili un pays idéal pour chercher, expérimenter et trouver des solutions en énergies renouvelables d´intérêt mondial et apporter des propositions économiques équitables.
Le Chili est le pays qui a le plus et le mieux développé une infrastructure et une organisation adaptée aux conditions extrêmes de tremblements de terre et de risques de tsunamis, avec un grand succès depuis 2010.
En politique énergétique, le gouvernement chilien s´est fixé un objectif de production d´énergie à partir de sources renouvelables non conventionnelles de l´ordre de 20 % de ses besoins totaux. Les prix élevés du pétrole dans les années 2008- 2013 ont facilité les investissements privés dans les projets d´énergies renouvelables non conventionnelles sans que l´état chilien n´ait besoin de subventionner le prix d´accès à ces nouvelles sources d´énergie. En moins de 4 ans, le Chili est devenu le premier pays producteur au monde en énergie électrique d´origine solaire, et développe parallèlement de grandes fermes éoliennes. La question de la contribution des EMR est posée. En octobre dernier les fournisseurs d´électricité d´origine renouvelable non conventionnelle ont gagné un appel d´offre face aux fournisseurs conventionnels.
- Le projet initial MERIC
Initié en mars 2015, MERIC fédère et mobilise sur des lignes de recherche des compétences locales et internationales en Energies Marines Renouvelables, au Chili. MERIC accélère la mise en œuvre de systèmes capables de fournir de l´électricité ou de l´eau douce à partir des mouvements de la mer.
La création de MERIC a dépassé les clivages politiques. Ce centre international de recherche en énergies marines renouvelables a été sélectionné par le gouvernement de Michèle Bachelet sur les bases d´un appel d´Offre international lancé par le gouvernement Piñera. MERIC apporte l´expérience française de l´intégration de compétences industrielles et universitaires pour pouvoir développer une nouvelle industrie (Pôles de compétitivité, Pôles Mer, et expériences de DCNS en technologies marines industrialisées).
MERIC s´appuie sur deux partenariats universitaires chiliens, la Pontifica Universidad Católica et la Universidad Austral de Chile, deux fondations chiliennes, la Fundación Chile et INRIA Chile, plus un accord avec l´énergéticien Enel Green Power Chile pour mener ses études R&D au Chili et impulser le développement de systèmes capables de produire de l´énergie à partir de la houles ou des courants.
Ses lignes de recherches sont : Les études de sites, les études d´acceptabilité et les études d´adaptation des technologies EMR.
MERIC est une plateforme ouverte à la coopération internationale par la mise en place de séjours d´échanges universitaires, de séminaires et de publications, MERIC favorise les échanges entre scientifiques et industriels et a l´ambition de mettre à niveau et en commun les connaissances mondiales qui servent aux projets industriels EMR.
- Déploiement du projet MERIC
En 2015, MERIC a recensé :
1- les processus d´acceptabilité de projets marins à travers le monde, cartographié les études existantes des sites marins côtiers chiliens, les conditions d´accès et pertinence des résultats pour les besoins EMR ;
2- les compétences industrielles chiliennes pouvant être sollicitées à moyen-long terme et les acteurs présents au Chili pouvant développer des technologies EMR.
3- Les processus d´études d´acceptabilité de projets en mer prennent en compte les divers contextes :
Industrie minière au nord, aquacole au sud (toutes deux totalement impliquées dans la compétition économique mondiale), pêcheurs secoués par les fluctuations de prix de l´énergie, populations autochtones comme les Mapuches qui ont une relation ancestrale spirituelle et rituelle à la mer, ou celles issues des populations immigrées des XIX et XXème siècles venus.
car chacun et chacune a sa propre histoire et culture et une relation distincte à la mer.
MERIC a un financement garanti sur 8 ans et se donne pour objectif de mettre en place toutes les conditions de premiers succès d´ici 4 à 5 ans,
Par ses résultats de recherche appliquées techniques, environnementales et sociétales, MERIC accompagne le gouvernement chilien dans l´établissement de règles, et d´un processus de développement, de déploiement de systèmes d´énergie marine renouvelables.
Pour cela, toutes les ressources des sciences de l´ingénieur sont à mobiliser : métallurgie, composites, biologie, informatique, communication, électromécanique, électronique, génie civil, génie maritime. L’enjeu concomitant/simultané, est d´assurer que soient menées des études d’impact sociétales et économiques qui permettent un développement de projets dans le respect des activités locales et apportant du travail localement.
De nouveaux acteurs se greffent au fur et à mesure du développement de MERIC. En quelques mois 6 nouveaux partenaires locaux ont été sollicités pour accroitre l´effort de recherche (Universidad Federico Santa María de Valparaíso, Universidad de Valparaíso, Pontifica Universidad Católica de Valparaíso, Universidad de Chile, Universidad de Concepción, Universidad de Magallanes) et 4 internationaux (University of Washington, (Instituto de Estudos do Mar Almirante Paulo Moreir au Brésil, Ecole Centrale de Nantes, UEIM-Brest).
- Conclusion : La mer, un enjeu stratégique pour l´humanité
Dans un contexte de ressources énergétiques traditionnelles de plus en plus contraintes, la mer présente un caractère hautement stratégique et l´accès à ses richesses est réservé à̀ un petit nombre de pays qui disposent de la maitrise scientifique suffisante pour développer les bonnes technologies. Comment assurer une vision politique et éthique pertinente pour la mer ?
La mer n´est-elle pas constitutive de l’histoire de l’humanité́, l’avenir de la terre ? L´homme n´a-t-il pas le devoir d´en assurer une bonne gestion au profit de tous les êtres vivants ?
Engageons la transformation de nos modèles économiques actuels et par là même favorisons une meilleure répartition des ressources et des productions de bien-être grâce au développement de nouveaux modes de production énergétique comme les EMR.
MERIC contribue non seulement au développement de l´espace marin, mais aussi à la bonne gouvernance internationale des biens marins en partageant les expériences et connaissances communes et en favorisant la coopération entre université, industrie et gouvernements.
Luc Martin
Ces deux exposés ont suscité de nombreuses réflexions et questions de la salle.