Débat sur le silence religieux

 

Le 16 mai dernier, l’association Confrontations vous proposait d’assister à un débat sur la thématique du « silence religieux ». Retrouvez ici un résumé de cet échange passionnant auquel participaient : 

  • Jean Birnbaum, Rédacteur en chef du Monde des livres, auteur en particulier de : Un silence religieux. La gauche face au Djihadisme, 2016).
  • et Guy Coq,  philosophe, membre de Confrontations

Nous vous invitons à redécouvrir le débat ici :

Le premier débat d’une série sur les convictions

Ce débat du 16 mai était la première séance d’une série de trois échanges consacrés aux convictions. Elle a exploré l’interaction, reconnue ou non, entre conviction politique et conviction religieuse. La question posée était la suivante : à l’heure où tous les engagements forts sont taxés d’extrémismes peut on se passer d’un absolu et de repères collectifs ?

Conviction politique et conviction religieuse : deux notions complexes

Ce débat porte sur le lien entre conviction politique et conviction religieuse, entre convictions et espérance, entre convictions et violence.

Pour Jean Birnbaum, les djihadistes, ainsi Larossi Abballa à Magnanville, disent agir par conviction religieuse. Ces dires sont contestés par de nombreux intellectuels tel que le philosophe Alain Badiou pour qui la religion n’est qu’un voile, un prétexte. Michel Foucault avait pourtant reconnu en Iran en 1979, l’espérance d’une spiritualité politique. Sartre a, lui, posé la question de l’espérance « pour ne pas être un sous-homme »

Fraternité et collectivité

Peut-on défendre une conviction sans faire la guerre? C’est la question que se pose Jean Birnbaum. Bernanos, contre son entourage, prend lui le parti des brigades internationales : il se « jette en avant, pour avoir raison d’une pensée ennemie ». Comme les djihadistes, les brigades ont la conviction de s’inscrire dans une fraternité qui dépasse la fraternité biologique et conduit à mourir pour l’avenir du monde.

Pour Ricoeur, l’espérance collective permet de passer du « je » au « nous ». Le « nous » serait-il haïssable parce qu’il implique un « eux » ?
Derrida, le grand déconstructeur, dit à la fin de sa vie : « nous, les Européens ». Il croit en une Europe qui, conjoncturellement, maintient contre l’hégémonisme américain et le fanatisme arabe, le droit international.

Guy Coq pose une question et fait une remarque : En donnant sa vie pour sauver celle d’une personne innocente, Arnaud Beltram, l’officier assassiné à Carcassonne en mars dernier, n’a-t-il pas donné la première réponse à la hauteur de la question posée par le djihadisme ?

L’espérance collective est connectée au religieux

Jusqu’à peu de temps, le « nous » politique oblitérait le « nous » religieux. Il s’est effondré et le nous religieux revient. Mais toute espérance collective est connectée au religieux. C’est le principe espérance de Ernst Bloch. C’est lui que nous avons retrouvé dans « nuit debout » ou dans « Tarnac ». Mais la pulsion de mort trouble toute communauté.